Photos © Megeve People
Par Marc Polisson et Benjamin Solly
Les habitants de la rue Charles Feige ont cru vivre un cauchemar éveillé dans la nuit du samedi 29 au dimanche 31 août 2014 quand plusieurs explosions ont retenti à 1h15 du matin du côté du Soleil d’Or. Aussitôt suivies d’un début d’incendie qui a ravagé la salle de restaurant située à l’arrière du bâtiment.
Construit avant 1878, Le Soleil d’Or fait partie des premiers hôtels répertoriés à Megève. S’il figure au « Bottin téléphonique » de 1912 avec trois autres établissements (Le Mont-Blanc, La Croix d’Or, le Panorama), Le Soleil d’Or était déjà mentionné huit ans plus tôt dans le « Guide du Touriste à Megève. » Une institution mégevanne qui n’a pas su prendre le tournant du confort moderne. Habitué de la station, l’alpiniste Mathilde Maide Lefournier emmenait volontiers ses clients au Soleil d’Or. Lorsqu’elle proposa à Adélaïde Conseil, alors propriétaire de l’établissement de 25 chambres, d’installer le chauffage central, cette dernière refusa. Le conseil égaya l’oreille du propriétaire du Mont-Blanc qui suivit l’intuition judicieuse de la montagnarde. A l’hiver 1914 -qui constitue la première saison réelle de sports d’hiver à Megève avec la création du syndicat d’initiative et d’une patinoire, Le Mont-Blanc faisait « chambres combles » avec 450 journées de séjour sur la totalité de la saison. Le Soleil d’Or allait alors s’éteindre petit à petit, dans l’ombre de son concurrent.
Après avoir été utilisé par Nouvelles Frontières, l’hôtel de la rue Charles Feige est aujourd’hui exploité par le moniteur de ski anglais Simon Butler, qui y héberge sa clientèle -majoritairement britannique- férue de séjours alpins et d’initiation aux sports d’hiver. L’homme défraye la chronique dans le petit village, où il enseigne le ski sans diplôme français. Installé depuis 32 ans à Megève, le britannique, déjà condamné 5 fois par le tribunal correctionnel de Bonneville, fait pourtant de la résistance. Au point de susciter l’ire des locaux ? « On parle de ce sinistre individu depuis ce matin partout dans les médias, mais tout le monde sait dans la station qu’il ne paye pas les loyers de l’hôtel (quasi insalubre) qu’il exploite (le Soleil d’Or) et a une ardoise avec le propriétaire de plusieurs centaines de milliers d’euros », persiflait sous pseudo Chapichapo74 au bas d’un article du Figaro relatant les frasques judiciaires du moniteur en mars dernier. « Cela me fait penser, qu’il y a quelques années, un « petit mécano » anglais, sans aucun diplôme, réparait les MG, Rover et autres dans son garage. Lui seul arrivait à régler ces diables de carbu qui trempaient dans l’huile… La jalousie a gagné… Le garage a brulé mystérieusement », commentait également, prémonitoire, un certain Pedrodebordo au bas du même article.
En ce qui concerne l’incendie de ce week-end, silence radio du côté de la Police Municipale et de la Gendarmerie de Megève qui, par téléphone ou en direct, renvoie vers son adjudant-chef « absent pour le moment. » Le SDIS 74 confirme de son côté une intervention des soldats du feu dans la nuit du 30 au 31 août, à 1h10, pour un feu de véhicule devant l’établissement. « C’est la camionnette du moniteur qui s’est embrasée en premier et a mis le feu au bâtiment » nous ont raconté les voisins qui évoquent « une bande venue de Sallanches ». Tout laisse à penser qu’il peut s’agir d’un incendie criminel. La même nuit, deux autres commerces megevans ont été vandalisés, coïncidence troublante…