Photos © Megève People
Par Marc Polisson
Le resto festif planté depuis décembre 2014 au sommet du Mont Joux, aux confins de Saint Gervais et Megève, a refermé ses portes le lundi de Pâques. Premier bilan avec son propriétaire Jean-Baptiste Gravier.
« La Folie dure ». L’éditorial de Frédéric Beigbeder dans le magazine Lui a fait le buzz. La violence de l’attaque s’est transformée en avalanche dévalant à toute allure les pentes du Mont Joux pour gagner la vallée virtuelle des réseaux sociaux. Renseignements pris, on sait que l’écrivain branchouille s’est rendu à plusieurs reprises dans l’établissement durant les vacances de Noël. « Il a déjeuné et posé avec le staff. On ne l’a pas senti contraint ou forcé » rapporte un membre de l’équipe. De notre côté, nous nous sommes également rendus à plusieurs reprises à la Folie Douce. Et en sommes repartis enchantés et songeurs.
Enchantés… par la gentillesse de l’accueil (Emilie, Cathia, Mathilde…) et la qualité des mets servis à la Fruitière (Yann et sa brigade) où nous avons déjeuné avec une Béryl Maillard et un Jean-Louis Maier (ci-dessus) qui n’ont pas leur langue dans leur poche. A l’heure du verdict, unanimité gustative. Songeurs… devant la surprenante atonie d’un public… spectateur. Manque d’oxygène, clientèle embourgeoisée, riders dépressifs ? Toujours est-il que, malgré la bonne volonté des animateurs, difficile de faire bouger les skieurs dans leur combinaison de cosmonaute. Au point d’en énerver plus d’une : « Vous êtes sûrs d’être en vacances, on vous voit tout fatigués ! » s’exclame au micro Mademoiselle Claire, sosie de Florence Foresti, bien seule juchée sur l’estrade.
Le récit de cette anecdote fait sourire Margaux et Jean-Baptiste Gravier. Les propriétaires des lieux – dans lequel ils sont associés avec les Reversade – jugent les trois mois d’hiver très encourageants malgré les imprévus météorologiques. « Nous avons débuté la saison les pieds dans l’herbe et nous refermons avec le soleil ! » souligne JBG, rappelant que personnel et clients ont joué les randonneurs et montaient à pied les premiers jours à l’ouverture : « Ce fut un bizutage en règle ! Mais malgré tout, nous avions un peu de monde à la Fruitière ! » L’absence de neige pendant les vacances de Noël a contrarié les objectifs côté tiroir-caisse mais l’homme s’inscrit dans la durée : « Nous sommes des entrepreneurs et croyons en ce territoire ! » Il est le premier à reconnaître que l’ambiance était bien en deçà de celle dégagée par les Folie Douce de Val d’Isère ou de Val Thorens : « On a été surpris, mais ça ne m’inquiète pas pour l’avenir. La partie festive est à installer dans le temps ! » Le talent de la directrice artistique et des DJ Hugo Morilla et Nox Brockly n’est donc clairement pas remis en cause. Le problème est ailleurs.
Ne nous voilons pas la face, la clientèle de Megève a pris des rides et peu se souviennent que la station a longtemps été un temple de la fête (avec 7 boîtes de nuit), comme le soulignait Julien Distel dans un précédent numéro. « Megève est une terre de mission, Saint Gervais beaucoup moins » s’amuse JBG. L’avalanche de critiques n’a pas entamé sa bonne humeur : « Nous avons essuyé les mêmes lors de l’ouverture de l’Alpe d’Huez. C’est à nous de les faire changer d’avis ! » En effet, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut faire bouger une station d’habitués, comme Megève. De plus la caisse de résonnance du Mont Joux, au pinacle en année 1, va s’amenuiser au fil des années. Et notre homme de faire le pari que la Folie Douce rentrera peu à peu dans les mœurs. Et dans les cœurs.