Texte : Nadine Fageol – Photos DR
En perdant ses atours d’antan le Manège devient M, et Megève de gagner un hôtel cinq étoiles au caractère bien trempé. Matériaux du cru magnifiés par la manufacture Arpin, un raffinement sans ostentation confortée d’une table goûteuse.
L’indéniable point fort de l’hôtel M est son emplacement privilégié en position surélevé, à trois minutes de la rue piétonne Monseigneur Conseil et à 300 mètres de la télécabine du Chamois. L’enseigne M est la réduction drastique de l’ancien Manège, « nous voulions une référence directe à Megève » comme l’explique son propriétaire François Benais à la tête de Buildinvet, groupe possédant unités hôtelières dans le monde entier spécialisé encore dans la reconversion de sites immobiliers. C’est à Buildinvet que l’on doit la mutation en 175 appartements du Séminaire Saint Irénée à Sainte Foy les Lyon, racheté à l’archevêché de Lyon, où Lyon People a inauguré son numéro spécial en juin dernier… Disons-le tout net, le Manège avait besoin d’un sérieux rafraîchissement d’autant que lui manquait un lobby digne de ce nom. Comment agrandir sans dénaturer quand en plus pèse la contrainte de hauteur à ne pas dépasser ? L’architecte Jean-Noël Picot n’a eu d’autre solution que de creuser dans le jardin à l’extrême limite des propriétés adjacentes. Un trou de 15 mètres où il loge spa et piscine. Au-dessus et en léger retrait, de manière à ce que le bassin bénéficie de lumière zénithale, il installe les pièces de vie, la salle à manger distribuée en plusieurs espaces dont un salon particulier, le lobby suivi côté rue du bar et ses petits salons et nouveauté le Bistrot que l’on conseille vivement. A terme, une verrière abritera un élégant fumoir. 42 chambres, 21 suites, 3 suites familiales, et une suite royale ouvrant sur une cour formant un amphithéâtre en bois ourlé de verdure, désormais le Manège devenu M se distingue par son offre qui passe de 4 à 5 étoiles, dans le bâtiment d’origine les chambres de bois clair remaniées au goût du jour et passé la salle à manger les élégantes nouvelles chambres dont une tablette commande l’ouverture de rideaux, écran plat…
L’architecte d’intérieur chambérien Alain Perrier soigne un univers léché réchauffant placages en sapin local et pierre de la vallée de l’Arve de fauteuils moutonnant, de fausses peaux de bêtes et surtout d’un impressionnant travail de confection, rideaux, plaids, canapés feutrés à partir des collections de la manufacture Arpin. L’idée déco à reprendre, peindre en blanc les bois de cerfs et les suspendre en flottaison au plafond ! Au spa protocole Cinq Mondes de rigueur et en cuisine, une curiosité à suivre en la personne de Stéphane Thoréton qui gouverne le piano du Palace de Menthon à Annecy, fer de lance de Builinvest. 42 ans, Parisien quasi insomniaque, Thoréton cuisine parce que ses parents « le faisaient tellement mal »… S’ensuit un solide parcours démarré à 14 ans, ouverture à Barcelone, gestion traiteur, conseiller culinaire pour Sodexo sur Rolland Garros ou le Grand prix de l’Arc de Triomphe, l’homme est à son aise et se fiche comme d’une guigne des critères d’un certain guide. A lui la liberté, l’homme fort de François Benais décante, actualise la cuisine de pays au nom du goût. Sa salle à manger décomplexée mixte vaisselle design au chic bourgeois de la vaisselle Haviland. Chaque jour, il tourne la page d’un carnet de Moleskine noir ouvert aux parafes des clients pour inscrire son menu. Au bistrot pour 30 à 60 €, il tombe une terrine pistachée au foie gras parfaitement assaisonnée, maîtrise un onctueux boudin de homard sur un fagot de craquant légumes et fait dans la douceur régressive avec un Mont Blanc crémeux ponctué de bombons pétillants. Bref le M c’est aussi une cuisine en verve et un personnel aussi jeune que souriant.